Le caractère très exceptionnel de l'envahissement spontané des troncs vasculonerveux principaux du membre, explique que la résection monobloc extratumorale conservatrice est réalisable dans la quasitotalité des cas, sans imposer de sacrifice vasculonerveux majeur.
Le pronostic des sarcomes de faible grade de malignité dépend avant tout de la qualité du traitement local.
Celui-ci exige un bilan régional minutieux comportant au minimum, outre les radiographies standard :
- une scintigraphie osseuse corps entier,
- un examen tomodensitométrique, et si l'os n'a pas été pris en entier,
- une IRM de la totalité de l'os atteint, et de la partie proche de l'os sus jacent.
Lorsque la chirurgie conservatrice ne peut être réalisée qu'au prix d'un risque important d'ouverture tumorale, l'amputation peut se discuter.
Le pronostic des sarcomes osseux de haut grade de malignité, repose avant tout sur l'efficacité de la chimiothérapie, et de l'association adéquate des diverses thérapeutiques.
Le bilan général initial est indispensable. Même en l'absence de métastases visibles, la diffusion occulte de la maladie constitue la cible thérapeutique prioritaire.
Ces sarcomes justifient donc une chimiothérapie pré-opératoire, permettant d'optimaliser le traitement médical. Pour ne pas risquer de faire perdre des chances de survie à des malades éventuellement mauvais répondeur, la durée de cette chimiothérapie pré-opératoire doit être aussi courte que possible ; dans notre expérience 4 semaines suffisent pour l'ostéosarcome, et 6 semaines pour l'Ewing.
Le bilan local devra comporter, outre les examens pratiqués pour les sarcomes de bas grade de malignité, une angiographie.
Cette artériographie digitalisée (éventuellement complétée par une phlebographie si l'on suspecte un thrombus tumoral intraveineux), permet d'évaluer la difficulté de la résection monobloc, de préparer le matériel de réparation vasculaire éventuellement nécessaire et de juger en pré-opératoire de l'efficacité de la chimiothérapie néo-adjuvante.
La chirurgie conservatrice devra être poussée aussi loin que possible. En effet, dans ces sarcomes de haut grade, si la chirurgie parvient à être extratumorale (même marginale), le pronostic dépend uniquement de l'efficacité de la chimiothérapie et de l'acceptation par le malade de celle-ci.
L'expérience prouve que la chirurgie conservatrice se révèle le meilleur moyen de faire accepter au malade une chimiothérapie longue et pénible.
Trop souvent, le malade amputé n'a plus l'envie de se battre, du moins pas aussi longtemps qu'il est nécessaire.
En pratique, le risque de perte de chances de survie par une récidive locale se révèle inférieur à celui de perte de survie par arrêt trop précoce de la chimiothérapie d'un malade amputé.